Le motard est souvent considéré comme étant « en marge » de la société.Sur la route, il se dénote singulièrement des autres usagers par de nombreux points qui dérangent : il roule vite
,ne respecte pas trop le code de la route, souvent on n’a même pas le temps de le voir arriver et seul le bruit fracassant de sa machine nous prévient qu’il est déjà passé !!!Il peut aussi faire peur par sa tenue vestimentaire (souvent du cuir, des couleurs noires ou sombres, des motifs peu rassurants)
et par le fait qu’il se cache sous un casque à la visière souvent fumée si bien que l’on ne peut même pas distinguer son regard.
Il fait trembler quand il s’adonne à des singeries incompréhensibles lorsqu’il se met à lâcher le guidon d’une main, à lever un pied (voire même plusieurs de ces choses en même temps) :l’usager, assistant à de tels spectacles, se demande toujours si le motard ne va pas perdre l’équilibre et le contrôle de sa moto ou s’il n’est pas tout bonnement déjà en train d’essayer de la rattraper.
Cette étrange image du motard correspond-elle vraiment à ce que les motards sont au fond d’eux même ???
La réponse est ‘NON’, car cette image n’est due qu’à une mauvaise compréhension et à une mauvaise connaissance des particularités des motards par tous ceux qui n’ont malheureusement jamais eu l’occasion de goûter aux joies de la moto.Si le motard paraît être « hors de la société, c’est que la moto est bien plus qu'un simple moyen de locomotion : c'est un moyen d’isolement, d'évasion et de plaisir avant tout.L’automobiliste reste « enfermé » au sens propre comme au sens figuré dans son véhicule et au sein de la société car lorsqu’il roule il garde constamment à l’esprit le « contact » avec la société(dialogue avec les autres passagers de son véhicule, radio, autres véhicules sur la route, bouchons, ambiance calfeutrée et climatisée de son véhicule, comme s’il était chez lui …).
Le motard, lui, se retrouve seul, isolé de presque tout ; il est à la fois « coupé » du monde mais aussi immergé au plus profond et partie intégrante de la nature qui l’entoure !!! Comment expliquer ce paradoxe ? En premier lieu, le motard se retrouve isolé des sons qui nous entourent perpétuellement :son casque assourdit énormément tous les bruits alentours qui sont également largement couverts par le bruit du moteur de sa moto et complètement surpassés par le bruit du vent qui s’écoule tout autour de son casque.A ce rapport très particulier au vent (on pourrait presque le comparer à celui de l’aigle qui fend tranquillement la bise lorsqu’il plane au dessus de sa vallée)
,viennent s’ajouter les sensations de chaud, de froid, d’humidité ainsi que les senteurs égrainées par la nature que l’on parcourt et que l’on se surprend à découvrir (où à redécouvrir). Le motard se retrouve donc à la fois isolé du monde civilisé des humains et à la fois plongé au plus profond et au cœur de la nature. Le motard ne fait alors plus qu’un avec sa monture, il fait corps avec sa bête, le rapport est étrange, mais fusionnel.
Bien sûr, cela n’excuse pas le comportement des motards. En effet, à se sentir trop « seul », on en oublie les autres, et le danger nous guette et nous rattrape vite. Le motard est un être extrêmement vulnérable et il doit donc, malgré et envers tout, garder un certain sens de la réalité en restant vigilant, respectueux du code de la route, et attentif aux autres usagers. Il en va de sa survie et de la vie des autres usagers qu’il croise. Rappelons que la moto est et doit rester un plaisir et qu’un plaisir n’est profitable que s’il est durable !...
Les vêtements portés par les motards ne sont pas choisi en fonction de l’esthétique ou de l’impression qu’ils donnent, mais avant tout pour la protection qu’ils apportent.Un motard n’a aucune carrosserie pour le protéger ni des intempéries, ni des chocs. Il faut se prémunir du froid, de la pluie, de l’humidité avec des vêtements chauds et étanches. Souvent, lors d’un accident, le motard glisse sur le sol sur plusieurs mètres (ou dizaines de mètres) et le frottement avec le goudron provoque de graves brûlures.
C’est pourquoi un équipement en cuir permet de protéger au mieux le motard.Les motards font des signes en tout genre, destinés à communiquer entre eux, mais aussi avec les autres usagers de la route(même si ces derniers ne les comprennent pas toujours très bien ou les interprètent parfois de façon complètement erronée).
Deux motards qui se croisent se saluent d’un V réalisé avec les doigts de la main gauche. Ce n’est pas uniquement pour se dire « bonjour », mais c’est principalement pour exprimer un sentiment de « solidarité » envers la « communauté motard ». Un motard en difficulté arrêté sur le bord de la route recevra toujours de l’aide de la part des motards qui le croisent.
Il s’agit là d’une « Grande Famille » qui obéît instinctivement à un code implicite d’entraide. Problème mécanique, panne d’essence, pneu creuvé, chemin perdu ou autre, un motard se retrouve vite en mauvaise situation : il est souvent seul, sans beaucoup d’outils ni de moyens, pas ou peu de bagages ni de carrosserie pour s’abriter, et abandonner sa machine seule au bord de la route n’est pas toujours facile.
C’est pourquoi la solidarité est vitale ; tout motard le comprend vite et n’hésite pas à proposer son aide en pensant qu’un jour, peut-être, il sera ravi d’en recevoir à son tour. Un motard qui balance son bras de haut en bas le fait pour prévenir un autre motard d’un danger, de circonstances particulières, de problèmes de la chaussée (trous, obstacles, pierres, gravillons ….)Un motard qui tend son pied droit après avoir doublé un véhicule ne le fait pas dans l’intention de donner un grand coup de semelle dans la carrosserie dudit véhicule (comme certains automobilistes le croient), mais tout simplement pour remercier le conducteur qui s’est serré sur la droite pour permettre au motard de le doubler plus facilement etplus sûrement ou qui a renoncé à un dépassement pour laisser passer d’abord le motard.
Heureusement, au fil des années, l’image des motards change et s’améliore aux yeux des différents usagers, d’une part parce que les motards prennent conscience de cette mauvaise image et essayent de la changer dans le bon sens, et d’autre part parce que la moto s’ouvre de plus en plus à de multiples usagers et se vulgarise, si bien que les particularités des motards sont maintenant de plus en plus et de mieux en mieux connus par tous, pour le bien être de tous, motards ou non.
Le chemin est long, mais tout motard se doit d’y apporter sa pierre en se souvenant que dès qu’il chevauche sa monture il devient par là même l’ambassadeur de toute une communauté fraternelle.